vendredi 31 décembre 2010

TERRE NATALE

Mékong en colère




Chercheur de crabes . Et en plus il en trouve !






La clochette est en bambou , elle possède un son très mélodieux

Je monte la garde

TERRE NATALE


Noï ça veut dire petit en Laotien . Noï a aussi un autre prénom qui lui va très bien : "grappe de diamants", mais sur son passeport Français , elle est Noï .

La Maman de Noï a fuit le Laos en guerre dans les années 75 , avec pour tous bagages 8 enfants . La plus petite , Noï donc avait 2 ans .

Réfugiés politiques , carte de séjour , etc , enfant Noï n'avait pas trop conscience de ces choses là . Par contre elle n'a pas oublié l 'humiliation quand au collège , lors d'un voyage scolaire elle n'a pu embarquer avec ses camarades vers l ' Angleterre et a du faire demi tour faute de passeport . Plus tard , a 18 ans elle a choisi la nationalité Française , c' était pour elle une évidence . Mais pas pour l'administration . Alors qu'elle venait d'avoir le bac elle a dut subir un entretien d'une heure avec un policier qui devait s'assurer qu'elle parlait correctement notre langue ... Ce passeport , sésame indispensable pour visiter sa famille restée au Laos elle ne l'a finalement obtenu qu'a l'âge de 25 ans .

Aujourd'hui Noï est une jeune femme sure d'elle , elle parle Lao et Français avec ses deux jeunes enfants , elle mène une vie confortable avec son mari Fred à Montpellier . Pendant les vacances de Noël elle visite les merveilles de sa terre natale , elle passera le nouvel an avec sa mère à Vientiane . Sa mère vit à présent au Laos . Etrangère dans son propre pays elle doit passer régulièrement en Thaïlande chercher un visa Lao sur son passeport Français , comme n'importe quel touriste . Passeport qu'elle aussi a du attendre plus de 30 ans , sans pouvoir sortir de France .


Au Laos , le long du Mékong , de Paksé à Champassak , dans la région des 4000 iles , devant la "perle du Mékong" , ces chutes d'eau impressionnantes près de la frontière Cambodgienne , dans tous ces lieux où en ces périodes de vacances les touristes occidentaux affluent , on remarque parmi eux des voyageurs un peu particuliers , des déracinés , qui ne viennent pas ici en quête d'émotions fortes ou d'exotisme . L' émotion , pour eux , c'est quand ils posent le pied sur leur Terre natale et qu'ils retrouvent les leurs . Noï a fondu en larmes au passage de la frontière .
Je repense aussi à ce Lao naturalisé Américain , incongru dans son costard-cravate près des chutes du Mékong , trainant dans son sillage sa famille Laotienne à la fête . Le généreux tonton d'Amérique avait loué un minibus et promenait la famille de site en site , d'hôtel en hôtel , de restaurant en restaurant .

Kratie , Cambodge , le 31 décembre 2010

VIE MONDAINE AU LAOS

Mékong romantique


Wat Phu a rendez vous avec la lune













VIE MONDAINE AU LAOS


J'ai sorti du fond de mes sacoches ma tenue des grands jours , celle qui fait le passage des frontières , les visites touristiques . Il faut dire qu'aujourd'hui je vais prendre le thé chez Sarah . Enfin plus exactement mes enfants sont invités à jouer avec les enfants de Sarah .

Etrangers de passage nous sommes nombreux à Champassak , mais la "farang" , l'étrangère , c'est elle . Depuis deux ans et demi que son mari a un poste dans ce village , elle vit là .

Sarah est charmante , très prévenante , je visite sa maison en bois comme on feuillette un magazine de déco ; grands volumes , un univers assez épuré , quelques meubles de brocante ramenés de France , vintage et tradition .
Puis nous nous installons sur la terrasse , le thé est bon , le flan à la papaye divin . " Je ne m'impose pas ? " - " Oh non , j'ai si peu l'occasion d'avoir une vie mondaine " me répond elle . A vivre recluse dans ce village , dans sa prison dorée , elle a quelque chose de décalé Sarah ... Entre les cours du C.N.E.D. avec ses enfants , la gouvernante et le jardinier , sa vie tourne en rond . Pas d'échappatoire , pour sortir du village il faut prendre le ferry , mais pour aller où ? Elle vit sa vie d'expat' comme un exil .

Au "Wat Phu a rendez vous avec la lune" , le spectacle mis en place par son mari , j'ai revu Sarah . Robe du soir , sourire de circonstance , "en représentation" comme elle dit .

Demain je retournerai prendre le thé chez Sarah , nous donnerons du pain aux poissons dans la mare , peut être que le jardinier aura réparé la balançoire . Je m'installerai dans un fauteuil en rotin face aux montagnes , et l'on parlera de Sarah , du Laos et de la France qu'elle aime tant . Puis je lui dirais adieu , je ne fait que passer , d'autres rencontres m'attendent , tout aussi improbables .

Kratié , Cambodge , le 31 décembre 2010

mercredi 22 décembre 2010

CHAMPASSAK

Le ferry .

















C'est un petit village enclavé entre Mékong et montagne . On arrive à Champassak en traversant le Mékong sur un ferry assez pittoresque . Deux rues parallèles , de belles maisons de bois , d'anciennes bâtisses coloniales , des temples , beaucoup de temples , quelques guest-houses et quelques boutiques .

Champassak connût son heure de gloire du temps de l'Indochine au début du 20 ème siècle . Les villas du roi de Champassak ont , tout comme la plupart des habitations coloniales , perdu de leur superbe , mais elles confèrent à ce village un charme indéniable .

Le lieux nous plait , Manuel et Eva trouvent des copains , alors on s'installe pour quelques jours .
Le matin on guette le passage du boulanger sur sa mobylette , de grands sacs plastiques débordant de baguettes encore chaudes au guidon .
Puis les écoliers en uniformes passent à vélo en direction de l'école , déjà certaines jeunes filles se protègent du soleil sous des ombrelles colorées .
Les moines eux retournent aux temples leurs bols remplis de nourriture . Ils ont parcouru les deux routes du village où de vieilles femmes agenouillées attendent pieusement leur passage pour leur remettre leur pain quotidien : du riz gluant (riz cuit à la Laotienne).
Les tuk-tuks se frayent un passage entre les deux roues en évitant les nids de poules .
Les touristes les plus matinaux se dirigent eux vers Wat Phu .

A une dizaine de kilomètres d'ici , adossé à la montagne , s' étage ce site pré-Angkorien , posé là dans un environnement enchanteresque .

On adore ces vieilles pierres de latérite et de grès noircies par le temps , les racines des frangipaniers qui se faufilent entre les pierres des escaliers et les frontons finement sculptés représentant des divinités hindoues , la religion présente avant que le bouddhisme ne s'impose dans la région .

Hier soir , à l'occasion de la pleine lune , le site s'est illuminé de 4000 lampes à pétrole et des danseurs du ballet national du Laos se sont produits au milieu de ces ruines classées au patrimoine mondial de l'unesco .

Champassak , Laos , le 22 décembre 2010






mardi 21 décembre 2010

FRONTIERE











Le petit poste frontière de Chong Mek , à mi-chemin entre Khong Chiam en Thaïlande et Paksé au Laos est bien tranquille . Peu d'affluence et des formalités rapides pour nous autres occidentaux , une photo d'identité , 30 $ par visa et nous voila en République Démocratique Populaire du Laos .

Le Mékong cesse ici son rôle de frontière naturelle entre les deux pays et poursuit son petit bonhomme de chemin dans le Laos , nous aussi . Un coup d'œil au compteur : un peu plus de 1500 kms pédalés coté Thaï . Nous changeons de monnaie , et si en Thaïlande c'était baht (c'est la monnaie Thaï) , c'est de ce coté ci encore mieux , nous voici millionnaires : avec 100 € nous remplissons notre porte-monnaie d'un peu plus d'un million de kips . Nous changeons aussi notre rétroviseur de coté , au Laos on roule à droite .
Et comme toujours , dés les premiers coups de pédales nous y allons de nos comparaisons . C'est quand même bien plus pauvre ici ! Y'a vachement plus de buffles qu'en Thaïlande , mais nettement moins de chiens , et ça à vélo c'est vachement mieux ... Par contre qu'est ce que c'est anarchique sur la route !

Les gamins à vélo , même à deux sur le même engin , se font un plaisir de nous doubler . Manuel et Eva se prennent au jeu et nous incitent à appuyer sur le champignon ; Eva ne s'est jamais montrée aussi motivée pour pédaler .

Mais le vent de face nous incite à faire halte dans la première guest-house venue . Cinq ou six jolies jeunes filles nous entourent , elles exercent là le plus vieux métier du monde (pour une clientèle Laotienne). Mais les cyclistes qui désirent tout simplement dormir sont aussi les bienvenus .

Champassak , Laos , le 22 décembre 2010

dimanche 12 décembre 2010

ATMOSPHERE , ATMOSPHERE ...

Procession autour du stupa de That Phanom .


Stupa de Nakkon Phanom .


Le stupa de That Phanom à la nuit tombée .


Petit temple mystérieux perdu au milieu de nulle part .


Scène de vie de Bouddha .


Quand le Naga se déguise en Ganesh ...


Drôles de montures ...


Les immigrés de l'ancienne Indochine ont crée de rares ilôts de catholicisme .

Au fil des jours et du Mékong nous savourons des moments paisibles , quotidien fait de soleil et de douceur de vivre . Ce qui nous restera de ce nouveau passage en Thaïlande ce sont surtout des atmosphères , des ambiances .

Certaines de ces atmosphères mettent nos sens en éveil , en alerte même quand elles deviennent inquiétantes , perturbantes devant un danger indéfini , sans doute imaginaire . Ainsi cet endroit précis , là , au bord du Mékong . Il souffle un vent à décorner les buffles , la nature est si sauvagement belle qu'elle semble redoutable . On se sent soudain seuls , trop seuls et trop isolés devant un Mékong en fureur , et l'on décide sans se concerter que non , on ne fera pas halte là pour la nuit .

Il est surtout d'autres ambiances plus apaisantes , où l'on souhaiterait que le temps suspende son vol . Ainsi , à la nuit tombée , seuls devant le stupa de That Phanom illuminé , transportés par les envoûtantes prières des moines s'élevant d'un temple voisin , là , dans cette atmosphère empreinte de religiosité , là , oui , aussi hermétiques que l'on puisse être face à ces rituels , on s'abandonne à son emprise .

Et s'il fallait donner un sens au fait de voyager , mais se soucie t'on de donner un sens à chacune de nos actions ? , enfin s'il le fallait , outre que le voyage reste un formidable antidote à la déprime et à la morosité , le fait de se retrouver à mille lieues de sa culture et de son chez soi pour goûter à ces moments de lévitation dans un lieu étrange et étranger, oui cela donne sens .
Kong Chiam , Thaïlande , le 13 décembre 2010

samedi 4 décembre 2010

DETOURS DE ROUES















































Si j'étais serpent je ne m'aventurerais pas sur la route 212 , c'est suicidaire si l'on en juge au nombre qui y ont laissé leur peau .
Je ne suis pas serpent mais je n'aime pas la 212 non plus . Nous l'évitons donc plutôt par caprice que par crainte . Pour coller de plus près au Mékong , et parce qu' il y a de fait peu de vie sur le bord des grandes routes . La vie nous allons donc la chercher un peu à l'écart .
Les jours vélo , de bon matin , de bonne humeur , enfin , le plus souvent , nous nous lançons à l'assaut des "déviantes" : chemins de terre rouge bordés de bambouseraies ou de bananiers , étroites routes grignotées par la végétation rampante qui se transforment parfois en sentiers agricoles voire même en rizières quand on s'égare et qu'il faut alors faire demi-tour . Petites aventures quotidiennes où l'on ne se perd jamais vraiment : à gauche on tombe sur le Mékong , à droite sur la 212 .
On découvre dans cette région une autre Thaïlande , plus métissée . On va d'étonnements en surprises , ne sachant plus parfois où l'on pédale ... Les chapeaux coniques des moissonneurs de riz qui manient si bien la faucille nous rappellent que des Vietnamiens se sont réfugiés à différentes époques le long du Mékong . Les frêles habitations de paille tressée éparpillées dans un paysage marécageux ressemblent à s'y méprendre à celle des Hmongs Lao . La soupe de nouilles de riz typiquement Laotienne servie dans une gargote ce jour là nous le confirme . On traverse aussi des villages de descendants de Chinois venus du Xishuangbanna au début du siècle dernier ...
Les jours sans vélo , jours d'école et de tourisme , nous profitons du confort qu'offre la Thaïlande aux exigeants touristes Thaïs de Bangkok . Resorts judicieusement placés au bord du Mékong avec de bons restaurants et de super conditions pour les cours de Manuel et Eva qui assurent bien .


That Panom , le 4 décembre 2010


dimanche 28 novembre 2010

LOY KRATHONG

Loy krathong est une bien jolie fête .
Après la saison des pluies , par une nuit de pleine lune , les Thaïlandais remercient la déesse de l' eau , Maë Kongkha de ses bienfaits .
Leurs offrandes , les krathongs , sont de charmants petits bateaux composés de feuilles de bananier , de fleurs d' oeillets d' inde , d' orchidées , de boutons de jasmin , le tout surmonté de bâtonnets d' encens et de bougies .
La nuit tombée petits et grands déposent cérémonieusement leurs krathongs sur les rives des fleuves et rivières .
Les eaux du Mékong , fleuries de krathongs ont cette nuit là brillé de mille feux .
La voûte céleste s' est elle aussi illuminée des milliers de lanternes lâchées après avoir formulé , tout comme pour les krathongs , un voeu .
On s' est laissé nous aussi gagner par la magie de cette fête . A la guest-house , l' après-midi nos hôtes s' affairent à la préparation de krathongs .

Les deux petits farangs sont les bienvenus .









C' est le moment de faire un voeu , et vogue le krathong .

Il est passé où le mien ?


Encore un voeu .





Bung Kla , le 29 novembre 2010




samedi 20 novembre 2010

ALONG THE MEKONG














Ça y' est , on a mis un peu d' ordre dans notre projet et dans nos sacoches . Avec dans la tête l' idée de vivre avec le Mékong jusqu' à Pnom Penh dans un premier temps .


A vélo sur les routes de Thaïlande nous retrouvons tout naturellement des sensations familières et apprécions ce zeste de liberté avec pour seules contraintes celles que l' on s' impose .


Pédaler ici juste pour le plaisir , pour voir sans sembler voyeurs . Sans s' attendre non plus à l' extraordinaire au bout du chemin . Pédaler surtout pour jouer à cache-cache avec le Mékong , choisir nos endroits de pause à son bon gré , se poser pour 2 ou 3 jours là où il est le plus à son avantage , là où de la terrasse qui le surplombe on le voit évoluer au fil des heures . Le meilleur moment à vélo c'est souvent quand on s' arrête ...

Et quand on se mêle à un attroupement sur le bord du fleuve c' est pour essayer de profiter nous aussi de l' apparition du Naga sacré . Mais sans doute faut il croire pour voir ce mythique serpent à sept têtes surgir des flots ...

Pas vu non plus ces petites boules rougeâtres sensées sortir de l' eau à cette période , un phénomène mystico-naturel pourtant observé également par des non initiés .

Toutes les croyances et toutes les légendes locales ramènent inévitablement au Mékong , le plus long fleuve d' Asie du sud-est .

Nong Khaï , Thaïlande le 20 novembre 2010