mardi 11 janvier 2011

CAMBODGE

Carte postale du Cambodge : au recto le palais royal à Phnom Penh .


Au verso , toujours Phnom Penh , mais coté bidonvilles .


L' enfer chez les autres , version Bouddhiste dans un temple près de Kompong Cham .
Inspiré des Khmers rouges ?


Dans la plupart des villages , pas d' électricité . Alors les vendeurs de boisson et les gargotes se font livrer des blocs de glace qu' ils découpent à la scie pour mettre dans les glacières .

Heureusement pour nous sur les pistes il y a plus de 2 roues que de voitures ...




CAMBODGE


Sur la piste qui nous mène à Phnom Penh nous cheminons en compagnie d'un vieil homme . C'est lui qui nous a apostrophé en anglais avant de poursuivre la conversation dans un français étonnant . Sur sa bicyclette déglinguée il se souvient de la visite du général De Gaulle à Phnom Penh . Quand il parle de De Gaulle il lâche une main de son guidon , et , en signe de respect , il se découvre avant de reposer son chapeau sur sa tête . Il se souvient des khmers rouges qui ont tout détruit : les temples , les écoles ... Il part alors dans un rire qu'on ne sait pas vraiment interpréter , sans doute celui d'une douleur indicible . " Maintenant c'est bien " dit- il , il y a des écoles , des temples , l' électricité vient d'arriver dans son village et peut être la piste sera goudronnée prochainement .

La veille à Kompong Cham une femme nous a abordés en français . Au premier abord nous n'avions pas deviné qu' elle était Cambodgienne , les gens d' ici non plus d' ailleurs qui s' adressent à elle en anglais . Alors , tout comme à nous , elle leur montre le médaillon qu' elle porte au cou : la carte de sa Terre natale , le Cambodge . Elle vit à Paris depuis 1975 et dit que sa peau est devenue blanche . Sa façon d' être , ses manières aussi ont changées , ici elle a l' air d'une étrangère en vacances . Kompong Cham c' était sa ville , et avec son mari haut fonctionnaire à l' époque elle voyageait dans tout le pays . Evidemment ils furent parmi les premiers visés par le régime khmer rouge . Elle nous raconte qu' ils ont tué tous ses enfants , que c' est ce qu'il y a de plus terrible de perdre ses enfants . Elle aussi a alors ce petit rire douloureux .
C' est son second voyage au Cambodge . A la première visite elle et son mari sont restés enfermés toute la durée de leur séjour , c' était trop dur d' affronter le passé . Quand on se quitte elle embrasse chaleureusement Manuel et Eva qui , émus eux aussi , l' ont écoutée sans broncher . Elle repart en nous disant : " vous savez , le pays il est plein d' histoires comme cela ."

Toutes les personnes de plus de 40 ans que l'on croise ici ont vécu d'un coté ou de l' autre les atrocités du régime khmer rouge .

C' est un pays déstabilisant le Cambodge . Impossible de voyager ici en faisant abstraction de l' histoire douloureuse et lourde à porter du peuple khmère . Quand bien même on le voudrait , le Cambodge d'aujourd'hui garde les séquelles de ce qu' il fut durant les années khmères rouges : un enfer . Guerre civile , terreur , atrocités , destruction totale du pays , un auto-génocide impensable et unique dans l' histoire de l' humanité avec un quart de la population assassinée ou morte de faim et de maladies pendant ces 4 années maudites .

Même si depuis une dizaine d' années le pays a retrouvé un semblant de stabilité et se relève doucement de ce chaos , même si certains quartiers de Phnom Penh donnent l' impression d' une capitale normale , plutôt agréable le long du fleuve , la corruption endémique , le manque d' infrastructures , routes , électricité , écoles , hôpitaux , la grande misère d' une partie de la population , l' exploitation des enfants sous différentes formes sont des réalités bien visibles .

En tant que visiteurs , outre qu' il n' est pas toujours évident pour Manuel et Eva d' être confrontés à ces réalités là , surtout face à des enfants de leur âge qui travaillent , mendient ou vivent sur les trottoirs , baigner dans une société où la raison du plus fort est toujours la meilleure est parfois irritant , notamment sur la route ou nous nous sentons bien faibles . Plus kamikaze et irrespectueux qu' un Cambodgien au volant , on n' a pas encore trouvé . Même sur les pistes ils traversent en trombe les villages , klaxon hurlant , sans se soucier d' un gamin qui pourrait traverser ( et des gamins il y en a ! ) , laissant un épais nuage de poussière derrière eux .

Nous continuons de longer le Mékong vers le Vietnam un autre pays à l' histoire mouvementée . Dans toute cette Indochine on a bien du mal à percevoir les bienfaits de la colonisation ...



Phnom Penh , Cambodge le 12 janvier 2011