jeudi 27 janvier 2011

MEKONG RIVER FOREVER

Le Mékong à Chau Doc , Vietnam

Chau Doc

Chau Doc
Quelques quintaux de riz

Beaucoup de canaux , beaucoup de cocotiers ...

... beaucoup de noix de coco .

Petite jetée du bout du monde à My Long . Le ferry attend les passagers pour traverser ce bras du Mékong tout près de son embouchure .

Et quand le ferry ne dessert pas son village il y a toujours une solution ...

... même sans avoir à attendre la marée .


Super , on se baigne !
La couleur , ce sont juste les sédiments charriés par le Mékong dans la mer .




J'ai vu la mer se jeter dans le Mékong !
Ce n'est plus là le long fleuve paisible et sacré que nous contemplions chaque jour en Thaïlande . Ni celui qui se fait plus ample au Laos , pour donner asile à une myriade d'îles ; sable fin et cocotiers lui donnent parfois là-bas des allures maritimes . Non plus ce fleuve qui donne vie à tout un monde rural agrippé à ses berges , paysans Cambodgiens vivant au rythme des saisons et des charrettes à boeufs .
Ici , dans le delta du géant d'Asie , au Vietnam , le Mékong s'effiloche en une multitude de routes fluviales et canaux , une Venise verte frénétique , une Venise version Vietnamienne . C'est un monde d'eau ; l'eau sort des canaux pour irriguer le bol de riz du pays et la vie déborde sur cette eau . Dans le delta tout flotte : les habitations , les restaurants , les marchés , les marchandises , jusqu'à nos formalités d'entrée au Vietnam que l'on a effectuées sur une douane flottante !
A vél'eau dans le delta , l'eau n'est pas un obstacle , on franchit des centaines de petits ponts au dos rond , et partout des ferries font la navette pour transférer véhicules et passagers d'une rive à l'autre quand les bras du Mékong se font trop larges .

Pour une belle image de fin il nous importait de voir le Mékong se jeter dans la mer . La nature a ses caprices , ou bien ses lois , et c'est la mer que nous avons vu se jeter sur le Mékong .My Long est le dernier petit village avant la mer sur l'un des bras majeurs du Mékong . Une petite route en cul-de-sac nous y mène , mais pas de fleuve en vue . On aperçoit toutefois des bateaux envasés , entre des arbres derrière la rangée d' habitations , jusqu'à cette improbable jetée à travers une forêt de troncs rougeâtres baignant dans une boue chocolat fluide . Un vrai décor de B.D. pour arriver , poussant nos vélos là où finit la terre , dans une atmosphère de bout du Monde .
L'horizon est dégagé , les alizés nous fouettent le visage et c'est bien la mer de Chine qui vient à l'assaut du fleuve ; mêlant leurs eaux ils ne font qu'un .
D'une rive lointaine apparait une embarcation ballotée au gré des flots de la marée montante . Les passagers débarquent du ferry , familles endimanchées à scooter , hommes en chemises blanches immaculées , petites filles en robes roses à volant , c'est dimanche et jour de noces . On nous fait signe d'embarquer , on fait non de la tête et d'un geste ample du bras on désigne le panorama , puis nos yeux et le poing fermé on lève le pouce . On est là juste pour voir , et c'est vraiment beau .

Quelques kilomètres plus loin nous voilà face à la mer de Chine , une mer colorée des eaux du Mékong , dans un petit bungalow presque les pieds dans l'eau . Pendant trois mois et trois mille kilomètres pédalés sur nos vélos c'est le Mékong qui nous a conduit jusqu'ici .
Un rêve de brocanteurs , atteindre la mer de chine !


Ba Dong beach , Vietnam , le 25 janvier 2011

mardi 18 janvier 2011

PAS DE PROBLEME !

Se jeter dans la gueule du loup . Dans Phnom Penh à vélo on se sent comme des cannetons dans la gueule d' un crocodile ... Si si , c' est un vrai crocodile et de vrai cannetons , dans un élevage non pas de canards , mais de crocos .


Fais gaffe le minibus va doubler !

Pratique une route goudronnée pour faire fendre ses bambous par les voitures et les motos .

Génial aussi pour étaler le maïs .

Un collègue cyclo parmis tant d' autres .

Aux abords de certains temples on peut offrir la liberté à un oiseau ....


Ou bien acheter un bouquet de fleurs de lotus pour faire une offrande .


Dans un temple Bouddhiste .


Sous le préau où nous aurions aimé dormir .




PAS DE PROBLEME !


Ce soir j' irai dormir chez vous , sans caméra , pas pour la télé et sans même parler dix mots de khmer .

Après une chaude journée passée sur une piste pourrie et poussiéreuse , faute de guest-house nous jetons notre dévolu sur un temple un peu à l' écart de la piste , " peem leem kul pagoda " , n' espérant pas plus qu' un endroit paisible pour installer la tente .
A peine a t' on posé pied à terre qu' un gars pas mal éméché prend en charge notre requête , en français s' il vous plait , avec surtout cette phrase qu' il affectionne particulièrement : " problème ? , pas problème ! "
Titubant , il nous entraine demander la permission de dormir dans ce lieu au moine dirigeant le temple , alors en pleine cérémonie .
L' autorisation accordée il nous conduit sous un préau aux murs couverts de fresques relatant la vie de Bouddha , on ne peut rêver mieux pour une nuit sereine .
Nous installons notre tente dans un coin dégagé , puis , sur les conseils d' un nouvel intervenant ( il y a déjà plus de dix personnes autour de nous , fort intéressées par cette famille si exotique ) , dans le fond du préau . C' est mieux pour la sécurité nous explique notre ange gardien . Après le " pas de problème " , "pour la sécurité " devient son nouveau credo ( tiens ça me rappelle quelqu' un ...) .
Notre installation prend forme , d 'autant plus que le gardien du temple nous apporte nattes et oreillers . Puis arrive le président du quartier qui lui aussi se préoccupe de notre sécurité puisqu' il téléphone à la police .Pour la police , trop dangereux de dormir ici , nous devons remballer notre bivouac sur les vélos , et suivre une délégation de plus en plus nombreuse , " problème ? , pas problème ! " en tête jusqu' à une salle de classe du temple .
Nous restons zens et souriants quand les policiers nous demandent nos 4 passeports pour noter notre identité puis qu' ils nous conseillent de bien fermer portes et fenêtres pour notre ... sécurité !
Enfin tout le monde repart , aw kohn tran , merci beaucoup , nous fermons la porte , la nuit est tombée , nous pensons déjà à nous coucher , bien fatigués par cette journée de piste .
Toc , toc , toc , c'est " problème ? , pas de problème ! " qui revient avec son frère . Puis arrivent des moines ( une trentaine vivent dans ce temple ) . Puis un jeune qui veut profiter de l' aubaine pour pratiquer son anglais . Puis le chef de la police pour voir si nous sommes encore en vie .
Vient finalement le moment où l' on réussit à se coucher , on s' endort très vite , bercés par les psalmodies des moines tout près de notre chambre ..

Si nous nous couchons comme les poules , nous nous réveillons avant elles le matin suivant car nous devons rentrer dans Phnom Penh , et aimerions y arriver avant qu' il y ait trop de traffic . Peine perdue , les Cambodgiens sont très matinaux et les 40 kms vers la capitale sur une route goudronnée mais super étroite sont de ceux qui peuvent vous dégoûter à tout jamais de vous déplacer à vélo avec des enfants . Circulation démente , dans l' anarchie la plus totale , avec des véhicules qui déboulent de partout . Scooters à contre-sens , qui nous frôlent , nous coupent la route , 4x4 et minibus qui doublent sans se soucier de ce qu' il pourrait y avoir en face ... Drôle de délire .

Problème ? La sécurité , sur la route !




Long Xuyén , Vietnam , le 18 janvier 2011

mardi 11 janvier 2011

CAMBODGE

Carte postale du Cambodge : au recto le palais royal à Phnom Penh .


Au verso , toujours Phnom Penh , mais coté bidonvilles .


L' enfer chez les autres , version Bouddhiste dans un temple près de Kompong Cham .
Inspiré des Khmers rouges ?


Dans la plupart des villages , pas d' électricité . Alors les vendeurs de boisson et les gargotes se font livrer des blocs de glace qu' ils découpent à la scie pour mettre dans les glacières .

Heureusement pour nous sur les pistes il y a plus de 2 roues que de voitures ...




CAMBODGE


Sur la piste qui nous mène à Phnom Penh nous cheminons en compagnie d'un vieil homme . C'est lui qui nous a apostrophé en anglais avant de poursuivre la conversation dans un français étonnant . Sur sa bicyclette déglinguée il se souvient de la visite du général De Gaulle à Phnom Penh . Quand il parle de De Gaulle il lâche une main de son guidon , et , en signe de respect , il se découvre avant de reposer son chapeau sur sa tête . Il se souvient des khmers rouges qui ont tout détruit : les temples , les écoles ... Il part alors dans un rire qu'on ne sait pas vraiment interpréter , sans doute celui d'une douleur indicible . " Maintenant c'est bien " dit- il , il y a des écoles , des temples , l' électricité vient d'arriver dans son village et peut être la piste sera goudronnée prochainement .

La veille à Kompong Cham une femme nous a abordés en français . Au premier abord nous n'avions pas deviné qu' elle était Cambodgienne , les gens d' ici non plus d' ailleurs qui s' adressent à elle en anglais . Alors , tout comme à nous , elle leur montre le médaillon qu' elle porte au cou : la carte de sa Terre natale , le Cambodge . Elle vit à Paris depuis 1975 et dit que sa peau est devenue blanche . Sa façon d' être , ses manières aussi ont changées , ici elle a l' air d'une étrangère en vacances . Kompong Cham c' était sa ville , et avec son mari haut fonctionnaire à l' époque elle voyageait dans tout le pays . Evidemment ils furent parmi les premiers visés par le régime khmer rouge . Elle nous raconte qu' ils ont tué tous ses enfants , que c' est ce qu'il y a de plus terrible de perdre ses enfants . Elle aussi a alors ce petit rire douloureux .
C' est son second voyage au Cambodge . A la première visite elle et son mari sont restés enfermés toute la durée de leur séjour , c' était trop dur d' affronter le passé . Quand on se quitte elle embrasse chaleureusement Manuel et Eva qui , émus eux aussi , l' ont écoutée sans broncher . Elle repart en nous disant : " vous savez , le pays il est plein d' histoires comme cela ."

Toutes les personnes de plus de 40 ans que l'on croise ici ont vécu d'un coté ou de l' autre les atrocités du régime khmer rouge .

C' est un pays déstabilisant le Cambodge . Impossible de voyager ici en faisant abstraction de l' histoire douloureuse et lourde à porter du peuple khmère . Quand bien même on le voudrait , le Cambodge d'aujourd'hui garde les séquelles de ce qu' il fut durant les années khmères rouges : un enfer . Guerre civile , terreur , atrocités , destruction totale du pays , un auto-génocide impensable et unique dans l' histoire de l' humanité avec un quart de la population assassinée ou morte de faim et de maladies pendant ces 4 années maudites .

Même si depuis une dizaine d' années le pays a retrouvé un semblant de stabilité et se relève doucement de ce chaos , même si certains quartiers de Phnom Penh donnent l' impression d' une capitale normale , plutôt agréable le long du fleuve , la corruption endémique , le manque d' infrastructures , routes , électricité , écoles , hôpitaux , la grande misère d' une partie de la population , l' exploitation des enfants sous différentes formes sont des réalités bien visibles .

En tant que visiteurs , outre qu' il n' est pas toujours évident pour Manuel et Eva d' être confrontés à ces réalités là , surtout face à des enfants de leur âge qui travaillent , mendient ou vivent sur les trottoirs , baigner dans une société où la raison du plus fort est toujours la meilleure est parfois irritant , notamment sur la route ou nous nous sentons bien faibles . Plus kamikaze et irrespectueux qu' un Cambodgien au volant , on n' a pas encore trouvé . Même sur les pistes ils traversent en trombe les villages , klaxon hurlant , sans se soucier d' un gamin qui pourrait traverser ( et des gamins il y en a ! ) , laissant un épais nuage de poussière derrière eux .

Nous continuons de longer le Mékong vers le Vietnam un autre pays à l' histoire mouvementée . Dans toute cette Indochine on a bien du mal à percevoir les bienfaits de la colonisation ...



Phnom Penh , Cambodge le 12 janvier 2011


vendredi 7 janvier 2011

PETIT APERCU DU CAMBODGE

Rentrés au Cambodge depuis le Laos , nous empruntons la toute nouvelle route N° 7 . Profitant de l'aubaine de cette tranchée dans une région vierge , tout du long s'installent des "colons" qui défrichent un lopin de terre , cultivent le manioc qu'ils font sécher sur le bord de la route , élèvent du bétail , construisent des habitations en bois , sur pilotis , toutes semblables dans lesquelles ils commencent une nouvelle vie avec leur famille .




Très peu de circulation sur cette nationale 7 , des vendeurs à mobylette principalement , marchands en "porte à porte" de bassines en plastique , de tissus , de vannerie , de cochons vivants , de poulets , de poussins ,etc , qui se signalent parfois à l'aide d' un haut parleur braillard et nasillard , comme le marchand d' insecticide avec sa vingtaine de bombe anti-moustiques . Avec leur chargement assez épique , ils égaient nos journées .


" Allo , ma poule ? "

Ramassage scolaire à motobylette ...Quand on fait une pause nous ne passons pas longtemps inaperçus . Des " hello !" fusent à notre passage dans chaque village .


Après 3 jours passés sur la nationale 7 on la quitte pour longer de plus près le Mékong , parfois sur une petite route goudronnée , le plus souvent sur des pistes poussiéreuses sur lesquelles on partage toujours la route avec des deux roues , mais aussi avec des charrettes à boeufs .


Les abords du Mékong sont très peuplés avec même parfois des villages flottants .


Dans la province de Kompong Cham vit la minorité musulmane des "Cham" , villages bouddhistes et musulmans se succèdent , temples et mosquées rivalisent alors de grandeur , la compétition est malheureusement moins vive en ce qui concerne les écoles et les centres de santé ...

Tout comme au Laos beaucoup d'iles habitées sur le Mékong . Près de Kompong Cham l'île de Koh Paen est accessible par un pont de bambou de 600 mètres de long reconstruit chaque année après la saison des pluies .
On peut y passer à pied , à cheval , à vélo et même en voiture !
Dans 2 jours , inch' Allah nous serons à Phnom Penh . On ne va pas quitter le Mékong aussi lâchement , nous irons finalement nous jeter à la mer avec lui au Vietnam .


Kompong Cham , Cambodge , le 7 janvier 2011